Qui n’a jamais perdu malencontreusement un téléphone dans les toilettes, dans une piscine ou dans évier ? On connaît tous quelqu’un à qui ce malheur est arrivé. Cette étanchéité, on la retrouve déjà sur certain téléphones comme le Sony Xperia Z1 (et le plus récent Sony Xperia Z2) ou le Galaxy S4 Active. Et elle devrait se démocratiser sur une majorité d’appareil – toujours haut de gamme – dans les mois à venir. Mais au fait, pourquoi ne la voit-on arriver que maintenant ? Et comment fait-on pour rendre les téléphones étanches ? Nous avons enquêté pour le savoir.

QU’EST-CE QU’UN PORTABLE ÉTANCHE ?
L’étanchéité n’est pas un problème lié uniquement aux téléphones. Elle concerne d’une manière générale tous les appareils électriques utilisés à l’extérieur et sensibles aux conditions climatiques. L’étanchéité d’un appareil électrique se résume bien souvent isoler tout ce qui est électrique des éléments extérieurs qui pourraient l’endommager. Et bien souvent, ce rôle est donné à la coque.

Cette question de l’étanchéité n’est donc pas nouvelle. En fait, elle se pose régulièrement pour tous les constructeurs d’appareils électroniques qui ont mis en place un standard international pour juger l’étanchéité de leurs appareils. Son nom est IP, pour Indice de Protection et permet de connaître le degré de résistance d’un appareil à la poussière et à l’eau. Ce standard est établi par la Commission électrotechnique internationale. Plus qu’un discours marketing qui vous assure que ce téléphone portable peut aller dans l’eau sans rendre l’âme, l’IP permet de savoir exactement à quoi s’en tenir. Cet indice est systématiquement composé de deux chiffres que l’on note généralement IP XX. Le premier chiffre permet de connaître la résistance de l’appareil à la poussière tandis que le second indique la résistance à l’eau. La résistance à la poussière est un chiffre comprit entre 1 et 6, tandis que celui de la résistance à l’eau va de 1 à 9. Plus le nombre de l’IP est haut, plus le téléphone est résistant à la poussière et à l’eau.

Indice Protection contre la poussière Protection contre l’eau
0 Aucune protection Aucune protection
1 Protection contre les corps solides de plus de 50 mm Protégé contre les chutes verticales de gouttes d’eau.
2 Protection contre les corps solides de plus de 12 mm Protégé contre les chutes de gouttes d’eau jusqu’à 15° de la verticale.
3 Protection contre les corps solides de plus de 2,5 mm Protégé contre l’eau en pluie jusqu’à 60° de la verticale.
4 Protection contre les corps solides de plus de 1 mm Protégé contre les projections d’eau de toutes directions.
5 Protégé contre les poussières (des poussières peuvent entrer dans l’appareil mais ne doivent pas nuire à son fonctionnement) Protégé contre les jets d’eau de toutes directions à la lance (buse de 22,5 mm, 12,5 l/min)
6 Totalement protégé contre les poussières Protégé contre les jets d’eau de toutes directions à la lance (buse de 12,5 mm, 100 l/min)
7 – Protégé contre les effets d’immersion dans l’eau, jusqu’à 1 mètre maximum, moins de 30 minutes.
8 – Protégé contre les effets d’immersion dans l’eau, à plus d’1 mètre, durant au moins 30 minutes.
9 – Protégé contre les effets d’immersion dans l’eau, à plus d’1 mètre et pendant plus de 30 minutes. Le constructeur doit spécifier précisément la pression et le temps durant lequel appareil peut aller sous l’eau.
Les informations de ce tableau proviennent de Wikipedia.

Prenons l’exemple du Galaxy S5. Samsung indique son téléphone est certifié IP 67. Si on lit bien le tableau, on comprend que le Galaxy S5 est non seulement complètement protégé contre la poussière, mais qu’il peut également rester dans l’eau sans mettre en danger l’appareil. À condition toutefois que la profondeur de l’eau ne dépasse pas un mètre et qu’il n’y reste pas plus de 30 minutes. S’il pouvait rester plus de 30 minutes sous 1 mètre d’eau, il serait alors certifié IP 68.

xperia Z1 etanche

Sony a été l’un des premiers constructeurs à communiquer sur l’étanchéité de ses téléphones.

Notez également que certains constructeurs (comme Sony par exemple) indiquent deux indices pour leurs téléphones, du type IP 55/ IP 57. Le premier indice correspond à la résistance du téléphone aux jets d’eau tandis que le second correspond à l’immersion dans l’eau. On ne l’a pas précisé, mais quand on parle de résistance à l’eau, on parle bien d’eau douce et non d’eau salée ou encore d’eau traitée au chlore. Pour finir, il est peu probable que l’on voie arriver à l’avenir des téléphones possédant une IP supérieur à 67. Si l’on peut « facilement » protéger un téléphone de l’eau, il est beaucoup plus compliqué de le rendre résistant à la pression. Vous pouvez emmener votre téléphone à la piscine ou dans une baignoire sans problème (ce qu’on ne vous conseillera pas) mais pas faire de la plongée sous-marine.

COMMENT UN TÉLÉPHONE DEVIENT-IL ÉTANCHE ?
On le disait un peu plus haut, l’étanchéité n’est pas un problème nouveau dans le monde de l’électronique ou de l’électrotechnique. Et, de fait, il existe depuis des années des téléphones parfaitement étanches qui répondent à une certification IP élevée. Le problème de ces téléphones étanches, c’est qu’ils étaient avant tout destinés au professionels. Et si vous travaillez dans une entreprise, vous êtes bien placé pour savoir que la beauté et le design sont des choix souvent secondaires face à l’aspect pratique de la chose (enfin, sauf si vous travaillez dans la mode, mais c’est une autre question).

Les constructeurs de téléphones portables savent donc faire des téléphones étanches depuis des années. La solution utilisée est aussi vieille que la plomberie, il s’agit des joints en caoutchouc. Le joint, c’est pratique, ça comble tout et ça empêche l’eau de passer à travers des interstices. Le problème, c’est qu’ils prennent de la place et que les constructeurs les ont longtemps placés à l’extérieur de la coque du téléphone plutôt qu’à l’intérieur. En étant visibles, ils enlaidissent le téléphone et lui rajoutent un poids substantiel, ce qui s’avère peu sexy pour le grand public. Avec le temps, on a peu à peu remplacé des composants sur les coques des téléphones. Les vis ont fait place à de la colle et les joints sont devenus plus fins et surtout plus liquides. La conception du Xperia Z1 a par exemple été pensée pour le rendre étanche. Il n’y plus aucune vis visible, mais simplement une coque fermée, pressée, et entourée de joint liquide. La contrepartie de tout cela, c’est qu’il n’est plus possible de retirer sa batterie.

Pour étanchéifier le Galaxy S5, Samsung a mis des joints dans sa coque.

Samsung, de son côté, a pris une voie différente avec le Galaxy S4 Active et le Galaxy S5, qui en partage le procédé d’étanchéité. Ici, il est toujours possible de retirer la coque arrière du téléphone pour y placer une carte SIM ou une carte SD et de changer la batterie à sa guise. Samsung a bien utilisé des joints pour étanchéifier son téléphone, mais il les a placés dans la coque même, de façon à ne protéger que la batterie et certains composants clés. Pour assurer encore plus l’étanchéité des composants électriques, Samsung a même inclus un petit renfoncement en plastique dans le téléphone pour bien s’assurer de l’étanchéité du joint. Nous avons tenté de contacter Samung au sujet du procédé utilisé pour l’étanchéité du smartphone, mais la société coréenne n’a pas voulu répondre à nos questions. Sony s’est montré un peu plus bavard sur le sujet. Bertrand Billier, le responsable du service client chez Sony, nous a en effet affirmé que Sony n’avait déposé aucun brevet ni technologies particulières de son cru pour rendre ses téléphones étanches. Ce qu’il faut retenir, c’est que tout se joue au niveau de la coque et que seule celle-ci assure l’imperméabilité à l’eau. Le procédé est à la fois économique et ingénieux mais ne garantit jamais une parfaite étanchéité.

Si étanchéifier le matériel électrique contenu à l’intérieur du téléphone est relativement simple avec une bonne coque, tous les constructeurs doivent cependant obligatoirement faire face à au moins deux trous béants : le port jack et le port USB. Si pour le port jack, une solution a été trouvée pour le rendre insensible à l’eau (le courant passant dans la prise jack étant trop faible pour créer un court-circuit), il n’existe pas encore de solution grand public pour le port mini-USB. Sur tous les téléphones grand public étanches, ce port est donc encore fermé par une trappe – qui utilise des joints. Car l’ennemi de l’étanchéité, ce sont bien les ouvertures… et l’utilisateur. Les premières peuvent être facilement comblées par des trappes… qui peuvent être laissées ouvertes par les seconds  Et c’est exactement pour cette raison que les constructeurs ne reprendront votre téléphone doté d’un IP élevé s’ils s’aperçoivent que votre téléphone a pris l’eau. Tant qu’il y aura des clapets, des trappes ou des moyens de faire passer de l’eau sur de l’électronique, aucun constructeur au monde ne vous garantira la parfaite étanchéité de votre téléphone.

La contrepartie de cette étanchéité : le retour des trappes sur les ports USB.

UN TÉLÉPHONE QUI BARBOTE DANS L’EAU TOUTE LA JOURNÉE : C’EST POSSIBLE (MAIS PAS DONNÉ)
Cette garantie de totale étanchéité n’existe donc pas aujourd’hui. Il existe toutefois déjà des technologies qui permettent de rendre les téléphones complètement étanches à l’eau. Les entreprises qui font ça sont présentes depuis quelques années déjà aux plus grands salons d’électronique, et elles sont bien conscientes qu’elles représentent l’avenir.

Pour rendre les téléphones complètement étanches, elles utilisent les nano-technologies. Ces entreprises (elles sont assez nombreuses : HZO, WaterSeal, P2i) utilisent un revêtement spécial qui épouse les contours de tous les composants et les protège entièrement de toute agression liquide extérieure voire, pour certains, de liquides corrosifs comme les sodas, les jus d’orange ou l’eau de mer. Le principe consiste à recouvrir l’intégralité de la surface de la coque et des composants d’un appareil électrique d’un plasma spécial, secret et breveté. Ce dernier va fixer une couche de polymères hydrophobes de quelques nanomètres d’épaisseur sur toutes les surfaces de l’appareil. Cette couche est directement attachée à la surface sur laquelle elle a été appliquée, ce qui lui permet de durer aussi longtemps que la durée de vie du composant ou de l’appareil. L’avantage de cette nano-technologie, c’est qu’elle peut aussi bien s’appliquer aux téléphones portables qu’à n’importe quel autre appareil électrique, mais aussi s’étendre aux vêtements, filtres, revêtements, etc.

Ces revêtements ont bien des avantages, puisqu’ils n’impliquent pas de surchauffe de l’appareil, permettent une étanchéité égale à un indice IP X7 et ne sont pas nocifs pour la santé (même si ce point n’a encore jamais été vérifié après plusieurs années d’utilisation). Enfin, du fait de leur taille nanoscopique, ils sont indétectables au toucher et à la vue. Le problème, c’est que l’accès à ces revêtements est impossible aux particuliers. Ou, tout du moins, à un particulier non-millionaire. Actuellement, les entreprises proposant des protections hydrophobes totales comme HzO pour P2i ne proposent leurs service qu’à des entreprises et ne réalisent l’étanchéité des produits qu’au sein de leurs laboratoires. On imagine également que le processus doit encore coûter très cher (les prix ne sont jamais affichés) pour des produits grand public comme les téléphones portables. À l’heure actuelle, aucun fabricant de téléphone n’a encore annoncé de partenariat avec l’une de ces société. Il y a cependant de bonnes chances qu’un géant de l’électronique les rachète un jour ou l’autre.

J’AI FAIT TOMBER MON SMARTPHONE LAMBDA DANS L’EAU. QUE FAIRE ?
Vous l’avez compris à l’issu de cet article, si vous ne possédez pas un portable récent haut de gamme, il y a de bonnes chances que votre téléphone meure au contact de l’eau. Comme pour les humains, il existe toutefois des gestes de premiers secours à appliquer. Plus tôt vous les réalisez, plus vous aurez de chance de sauver votre téléphone.

Sortez donc le plus rapidement possible votre téléphone de l’eau. Si votre téléphone est encore allumé, éteignez-le rapidement de façon à éviter les court-circuits. Si votre téléphone est éteint, ne tentez surtout pas de le rallumer « pour vérifier s’il fonctionne encore ». Si c’est possible, enlevez la batterie du téléphone ainsi que toutes les cartes insérées dans l’appareil et séchez-les. Puis prenez une serviette et épongez tout ce qu’il est possible de sécher sur l’appareil en faisant en sorte de faire écouler l’eau restante à l’intérieur du téléphone vers l’une des fentes (port usb, port carte SD, etc.). Le but est ici d’enlever le maximum d’eau extérieure par vous-même.

Une fois ces premières étapes passées, il faut maintenant enlever l’eau résiduelle de l’intérieur du téléphone. Il y a deux moyens pour cela. Si vous êtes du genre collectionneur maniaque qui garde systématiquement les sachets de déshumidification des boîtes de chaussures ou des vêtements, alors c’est votre jour de chance. Prenez autant de sachets que vous pouvez et enfermez votre téléphone dans une boîte hermétique (type tupperware) avec les sachets. Ces derniers se chargeront d’absorber l’eau restante avec le temps. Si vous n’avez pas de sachet déshumidificateurs sous la main, alors un bon vieux paquet de riz (qui est une excellente céréale hydrophile) fera aussi bien l’affaire. Versez le riz dans une boîte hermétique et attendez au moins 24 heures (48 heures est l’idéal) que le restant d’eau soit absorbée.